Quintet for flute and string quartet

La musique de Yun se propage en formes coulantes, orientées vers l'horizontale; elle révèle de l'expérience avec la musique de cour chinoise et coréenne, actualisée et intensifiée avec les moyens du langage musical de l'avantgarde européenne. Au-delà de cette fusion singulière entre l'Est et l'Ouest, il s'agit chez Yun d'une sorte de travail musical dans l'espace. Les textures inferieures se réfèrent a la terre, celles du haut au ciel; l'ascension vitale et monistique augmentant l'effet spatial vers le physique est expression de libération.

Dans un effort de compréhensibilité et d'une prise de position humaniste, le compositeur modifia son langage musical au milieu des années '70 en faisant valoir des intervalles consonants. Généralement, Yun évite de donner des indications de mouvement et se limite seulement a des données métronomiques. Le Quintette pour flûte et quatuor à chordes, commandé par Radio France et composé en août 1986, présente pourtant les mouvements Moderato (mesure à 5/4), Adagio (mesure à 6/4), Alleqro (mesure à 4/4). Avec Ces indications d'exécution et d'expression, Yun reprend les titres ces mouvements de son Quatuor à chordes No. 3 de 1959 qui fut une de ses premières œuvres composées en Europe; cette décision montre bien que Yun désire atteindre les auditeurs par sa musique.

Le 1er mouvement consiste en deux parties et fournit une illustration claire de la technique du "ton principal" du compositeur. La flûte est porteuse du ton central, tonifié par des ornements et des changements de couleur instrumentale et d'intensité dynamique. La premiere partie présente trois phases, dont la première n'expose, en 20 mesures, que trois (ou quatre) tons principaux: fa², fa dièse², (si²), la². Dans la deuxième phase, la flûte poursuit quasiment la trace d'un demi-cercle orienté vers le haut (de ut dièse¹ passant par ut³ au si¹) et aboutit ainsi après une ascension continuelle à ut diese⁴ dans la troisième phase. Dans la deuxième partie, on attend l'affirmation de ce niveau tonal. Sa première phase présente deux ondulations de mouvement ascendantes (mais seulement jusqu'à ut³, puis si²) et ce n'est que dans la dernière mesure que la flûte s'efforce finalement d'atteindre et de joindre l'ut dièse⁴.

L'Adagio, tendre et plutôt obscur – l'instrument soliste est ici la flûte alto – se divise en trois parties. Après une introduction mélodieuse en sixtes suit un développement plus agité vers ut³. Dans la partie centrale, la flûte alto atteint le fa³; la partie finale présente des aspects presque résignés: La sixte du debut, sol diese – mi¹, réapparait sous la forme sol – mi bémol¹ et le mouvement s'achève, un demi-ton plus bas, par le petit sol.

Le 3ème mouvement, également à trois parties et presque concertant, débute dans une atmosphère agitée, presque dansante. Le déroulement tonal parcourt une octave et demie, mais s'achève seulement une quarte plus haut. Une deuxième phase brève "s'empare" d'un espace de plus de deux octaves, le résultat final étant un gain d'une bonne octave et demie. La deuxième partie augmente sa densité par un ralentissement du temps et de la duré des notes. Dans la troisième partie, partagée à nouveau en deux phases, la flûte décidée va rapidement vers ut dièse⁴, sans réussir pourtant tenir l'équilibre. Dans la mesure finale, elle expire sur sol³ – pour Yun symbole de force et de persévérance.
Walter-Wolfgang Sparrer