La Haine (OEK critical edition)
(1874)mixed chorus; 2(II=picc).2.2.2-4.2.3.1-timp.perc(2):SD/BD/cym/bell-org-strings; on-stage: 3fl-ophicleide-TD
Abbreviations (PDF)
B&B
C'est vers la fi n des années 1860 que s'amorce une riche collaboration doublée d'une profonde amitié entre le célèbre compositeur Jacques Offenbach et le non moins célèbre père de la Tosca, le grand dramaturge Victorien Sardou. Ensemble, ils vont d'abord présenter en 1872 au public parisien médusé une féerie à grand spectacle : Le Roi Carotte. Offenbach vient de prendre la direction du Théâtre de la Gaité, une des plus belles scènes parisiennes, et rien n'est trop beau pour servir sa nouvelle pièce. Les dépenses sont somptuaires, mais le succès est au rendez-vous. Les deux compères décident de renouveler au plus vite l'expérience. En attendant que leur projet de Don Quichotte voit le jour, pourquoi ne pas s'essayer dans un genre tout à fait différent avec une pièce on ne peut plus noire et dramatique, La Haine, dont les cinq actes et huit tableaux se situent en pleines guerres de religion ? Offenbach compose une partition riche d'une trentaine de numéros. Les premières esquisses ont d'ailleurs été notées dans sa calèche où il s'est fait installer une table de travail - les partitions témoignant d'ailleurs des sursauts de sa plume dus aux accidents du pavé parisien. On y trouve de nombreux mélodrames, des choeurs de coulisse, des interludes.... Comme pour Le Roi Carotte, le directeur Offenbach ne lésine pas sur les moyens. Tout est fait pour que le public reçoive un véritable choc en assistant à la première de La Haine. Malheureusement, tout semble se liguer contre Offenbach, et la première donnée le 3 décembre 1874 est suivie seulement de quelques représentations. Vexé, Sardou préfèrera retirer sa pièce de l'affi che, laissant le théâtre dans une situation fi nancière désastreuse. Offenbach tentera tout de même de sauver les plus belles pages de sa partition, celles qui lui tenaient le plus à coeur, et c'est lors de sa tournée de concerts aux États-Unis, deux ans plus tard, qu'il présentera au public américain une Marche religieuse de la Haine, qui connaître un très grand succès. Mais à son retour de voyage, la partition fi nira tout de même au fond d'une armoire et y dormira plus d'un siècle. Il faudra attendre l'année 2009, pour que cette musique profondément dramatique, et aux accents wagnériens inattendus, puisse enfi n être à nouveau jouée.
Jean-Christophe KECK
« ... partition dont les numéros sont aussi dignes d’intérêt les uns que les autres. Offenbach montre un visage bien éloigné de celui que l’on connaît ; les habitués du festival ont d’ailleurs pu s’en rendre compte il y a quelques années avec Les Fées du Rhin. Les parties chorales permettent, en outre, d’imaginer ce que le compositeur aurait pu laisser comme musique religieuse. Bref, une date importante pour le Festival de Radio France qui serait bien inspiré d’enregistrer chez Accord cette musique épatante, parfaite dans son achèvement et son efficacité dramatique. » (Sébastien Foucart, concertonet.com, Juillet 2009)